Lundi 19 octobre, 1ère atelier sur les termes du bouddhisme sino-japonais à partir de Sandôkai 参同契
Après avoir fait pendant deux ans un cours d'initiation à la langue japonaise, Yoko Orimo propose cette année un atelier pour apprendre les principaux termes du bouddhisme sino-japonais tant au niveau doctrinal qu’au niveau pratique. Pour cela elle s'appuiera sur Sandôkai, un poème écrit par le maître tchan (zen) chinois Sekitô Kisen (700-790), poème récité quotidiennement dans les temples zen Sôtô. Vous trouvez ici :
- la présentation de l'atelier par Yok Orimo ainsi que le calendrier des 15 séances ;
- une traduction française faite à partir de la version anglaise un peu remaniée de la Conférence liturgique de la Sôtôshu (Green Gulch Farm, 1997) ;
- des références (livres et pages internet).
Le texte japonais avec la prononciation et la traduction française faite à partir de la Conférence liturgique de la Sôtôshu se trouve dans les fichiers suivants que vous pouvez ouvrir ou télécharger : Sandokai pour le fichier pdf ; Sandokai pour le fichier docx.
Terminologie du bouddhisme sino-japonais
niveau moyen
atelier animé par Yoko Orimo à l'Institut d'Études Bouddhiques
15 séances, le lundi soir, 19 h - 20h 30
au CIDEB, 29 boulevard Edgar-Quinet 75014 Paris
Présentation de Yoko Orimo et calendrier
Cet atelier a pour objectif d’apprendre en profondeur les principaux termes du bouddhisme sino-japonais tant au niveau doctrinal qu’au niveau pratique. Les participants sont invités non seulement à étudier chaque caractère et chaque terme avec leur étymologie et leur acception qui varie selon les contextes, mais aussi à transcrire un corpus choisi et à traduire celui-ci dans le but de publier sous la forme d’un ouvrage collectif.
Pour cette saison 2015-2016, nous prenons pour matière de nos études l’un des corpus fondamentaux de la tradition du zen Sôtô : le Sandôkai 参同契 « L’Alliance de l’Un avec la multitude ». Dans ce beau poème mystique de Sekitô Kisen (700-790), composé de 44 vers -avec 220 caractères au total- se dévoile la Vision cosmique de la tradition zen en compénétration plénière de l’Un avec la multitude.
L’inscription à cet atelier demande l’accord préalable du directeur d’études.
Calendrier : Les lundis 19 octobre, 9 et 23 novembre, 7 décembre 2015 ; 4 et 18 janvier, 1er et 15 février, 7 et 21 mars, 11 avril, 23 mai, 6, 20 et 27 juin 2016.
Sandôkai 参同契
L'harmonie entre la différence et l'égalité
L'esprit du grand sage de l'Inde
s'est intimement transmis d'ouest en est.
Les facultés de l'homme sont plus ou moins aiguisées,
mais la voie n'a ni patriarches du Nord ni patriarches du Sud.
La source spirituelle brille dans la lumière ;
les effluents coulent dans l'obscurité.
Saisir les choses est certainement une illusion ;
se mettre en accord avec l'identité n'est pas encore l'illumination.
Tous les objets des sens
sont en interaction et pourtant ne le sont pas.
L'interaction entraîne la solidarité
sans quoi chacun reste sur sa position.
Les visions varient en qualité comme en forme,
les sons sont tantôt agréables tantôt désagréables.
Dans l'obscurité, les discours raffinés et vulgaires se confondent,
dans la lumière, les phrases claires et troubles se distinguent.
Les quatre éléments retournent à leur nature
tout comme l'enfant se tourne vers sa mère.
Le feu chauffe, le vent bouge,
l'eau mouille, la terre est solide.
Œil et vision, oreille et son,
nez et odeur, langue et saveur.
Ainsi, pour tout ce qui existe,
selon ces racines-là, les feuilles se développent.
Le tronc et les branches partagent l'essence ;
noble ou vulgaire, chacun a son discours.
Dans la lumière existe l'obscurité,
mais ne la prenez pas pour de l'obscurité.
Dans l'obscurité existe la lumière,
mais ne la regardez pas comme de la lumière.
La lumière et l'obscurité s'opposent
comme le pied avant et le pied arrière dans la marche.
De toutes les choses innombrables, chacune a son mérite,
exprimé selon sa fonction et sa place.
Les phénomènes existent, comme la boîte et le couvercle s'ajustent ;
le principe s'accorde, comme la rencontre de deux pointes de flèche.
Entendant les mots, comprenez le sens ;
ne créez pas vos propres normes.
Si vous ne comprenez pas la voie qui se trouve à vos pieds,
comment connaîtrez-vous le chemin sur lequel vous marchez?
La pratique n'est pas une question d'éloignement ou de proximité,
mais dans la confusion les montagnes et les rivières barrent la route.
Vous qui étudiez le mystère, je vous supplie respectueusement
de ne pas passer vainement vos jours et vos nuits.
Informations complémentaires sur Sandôkai
1) De ce texte Sandôkai, sur internet, on trouve :
- une traduction en français et une translittération du japonais : http://kokaiji.weebly.com/sutras-et-textes.html,
- une traduction en français : http://www.buddhaline.net/Sandokai.
- le texte en caractères japonais avec une traduction anglaise : http://www.sacred-texts.com/bud/zen/sandokai.htm.
- etc.
2) Un numéro de la revue du Dojo Zen de Paris a été consacré à Sandôkai en 2009 : http://www.dojozenparis.com/publications/parizan/parizan26.pdf.
3) Shunryu Suzuki a fait des enseignement sur Sandôkai : La source brille dans la lumière, éditions Sully 2001 (plus d'infomration sur la dernière page de la revue indiquée au 3°)
4) Gérard Pilet a écrit un commentaire sur ce poème, Unité et diversité aux éditions Kan Jizai (livre actuellement épuisé) dont voici la présentation :
- San veut dire « trois » mais aussi « multiplicité », multiplicité des choses, des phénomènes et des êtres. Par extension : la différence.
- Dô, c'est l'identité, l'unité mais aussi l'esprit vaste.
- Le premier sens de kai, c'est « poignée de main ». La poignée de main met deux personnes en relation, les unit.
Sandôkai, c'est donc l'union de la différence et de l'identité, de l'esprit vaste et de la multiplicité des phénomènes.
À propos du Sandôkai, Maître Deshimaru disait : « Lorsque nous comprenons réellement sandôkai avec notre être tout entier et pas seulement avec notre cerveau, nous accédons au coeur de la Voie du Bouddha. Comprendre réellement sandôkai, c'est réaliser la nature de bouddha, pratiquer la Voie dans la vie quotidienne et détenir la clé secrète d'une civilisation future. »
5) Maître Deshimaru a commenté Sandôkai (L'essence et les phénomènes s'interpénètrent) dans Textes sacrés du zen, éd Seghers 1975 p.165-227. Dans l'introduction il dit : « San c'est la différence, l'existence, le phénomène ; Do l'égalité, l'essence, la vacuité ; Kai est plus que la synthèse, c'est la notion de fusion, de mélange, d'interpénétration. Harmonie avec l'ordre cosmique. »